A quoi ressemblera le parking du futur ?

Les parkings du futur- © Dominique Perrault Architecte pour INDIGO Group, 2020
Dans un contexte de réduction de la place de la voiture en ville, comment se présentera le parking de demain ? Partagé, multimodal, en lien étroit avec les énergies renouvelables ou abritant des fermes urbaines, c’est à un parking protéiforme que nous devons nous préparer.

En région parisienne, 25% des conducteurs passent chaque semaine entre 30 et 60 minutes à chercher une place de parking selon une étude réalisée par l’institut d’études et de sondages Harris Interactive en 2017 pour le service de voiturier Ector.

Or, rien qu’à Paris, plus de 150 000 places de stationnement résidentiel sont vacantes, selon une étude de l’Atelier parisien d’urbanisme (APUR). Si l’on y ajoute les places inoccupées appartenant aux hôtels, aux entreprises, aux supermarchés ou aux bailleurs sociaux, cela représente un stock disponible considérable. Mais la plupart de ces places de stationnement ne sont pas accessibles car faisant partie d’une propriété privée ou d’un espace clos.

DU PARKING PARTAGÉ AU CENTRE DE MOBILITÉS

Des start-up comme Yespark, Zenpark ou encore Onepark proposent d’accéder à ces places de parking pour quelques heures ou sur du plus long terme. Grâce à Onepark, par exemple, il est possible de profiter des places de parking du Groupe ADP (Aéroports de Paris) mais aussi de celles des hôtels du groupe AccorHotels. C’est ce qu’on appelle le parking partagé ou mutualisé. Un seul et même parking répond désormais à plusieurs usages : résidentiel, tertiaire et parking public.

Si on y rajoute les usages liés aux mobilités douces (espaces sécurisés pour vélos et trottinettes…), les emplacements réservés aux véhicules servant à l’autopartage ou au covoiturage, ainsi que les bornes de recharge électrique, on obtient un parking multimodal. Le parking du futur est donc un parking à la fois partagé et multimodal. Il devient un véritable centre de mobilités.

LE VEHICLE-TO-GRID POUR FAIRE FACE AUX ALÉAS DES ÉNERGIES RENOUVELABLES

Si la présence de voitures électriques au sein du parking du futur n’est pas une surprise, on peut en revanche imaginer connecter ces véhicules au réseau électrique. Pour recharger les batteries, certes, mais surtout pour stocker de l’électricité en cas de besoin ou pour en fournir au réseau lors des pics de consommation.

C’est ce qu’on appelle le « vehicle-to-grid ». Un concept qu’Indigo (anciennement Vinci Park) et l’architecte Dominique Perrault, qui ont récemment dévoilé leur vision des parkings de demain, voient se développer dans le futur.

Le « vehicle-to-grid » utilise des chargeurs bidirectionnels qui permettent aux batteries des véhicules électriques de jouer le rôle de tampon pour la production de l’électricité issue des énergies renouvelables (énergie éolienne, solaire, hydraulique…) en absorbant les trop-pleins ou, au contraire, en palliant les creux de production.

LA GÉOTHERMIE COMME DISSIPATEUR DE LA CHALEUR URBAINE

Les énergies renouvelables sont au cœur du parking du futur, notamment pour tirer profit de l’immense potentiel géothermique des sous-sols. On peut ainsi imaginer un avenir où les parkings souterrains constituent un réseau de batteries géothermiques de proximité absorbant la production calorifique de la ville.

« De disponibilité quasi illimitée et d’exploitation peu technologique, le sol a le potentiel de réduire massivement la consommation d’énergie des centres urbains. Les futurs aménagements urbains devraient considérer leurs sols comme des dissipateurs de chaleur immenses et naturels », déclarent Indigo et l’architecte Dominique Perrault dans un communiqué.

LE PARKING COMME ZONE D’ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE…

Mais le parking de demain peut également être vu sous l’angle économique. De plus en plus d’espaces anciennement réservés au stationnement se transforment en zones de livraison (logistique du dernier kilomètre), en commerces, en zones de production industrielle ou d’activités.

C’est le cas par exemple dans le premier arrondissement de Paris où le groupe Arcange à transformé un parking en showroom événementiel près de la Concorde. C’est le cas aussi de ce parking de 1 600 m2 situé à la Défense, transformé un lieu dédié à l’art, aux rencontres et aux nouveaux modes de travail, et désormais baptisé l’Alternatif. On retrouve dans ce projet Indigo, accompagné de l’établissement Public de Gestion et d’Animation de La Défense Defacto (devenu aujourd’hui l’établissement public “Paris la Défense”) et le groupe Culture et Patrimoine.

…OU COMME FERME URBAINE

Créer des zones de production, cela peut aussi prendre la forme d’une micro-ferme souterraine. C’est ce qu’a fait la société Cycloponics dans le 18e arrondissement de Paris. Ayant remporté l’appel à projets Parisculteurs lancé en 2015 par la ville de Paris, elle a lancé La Caverne, au niveau -2 du parking de la résidence Raymond Queneau appartenant au bailleur social ICF Habitat La Sablière.

Ferme certifiée 100% bio, La Caverne produit, à une température située entre 10°C et 21°C, des endives, des pleurotes, du shiitaké, des micropousses (non certifiées bio) et, bientôt, des champignons… de Paris. La start-up loue également 500 mètres carrés à d’autres entrepreneurs. Son souhait est de créer un écosystème autour des thématiques de l’alimentation et de la ville de demain.

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