Le BTP innove pour les Jeux Olympiques

Futur secteur E du village Olympique – Crédits : Groupement Nexity SA – Eiffage Immobilier IDF
Dans quatre ans, la France accueillera les Jeux Olympiques et la capitale s’y prépare en lançant des chantiers aux objectifs environnementaux ambitieux. L’occasion pour le secteur du BTP de développer de nouveaux procédés durables.

L’organisation des Jeux Olympiques de 2024 à Paris va mobiliser 150.000 emplois, existants ou supplémentaires, dont 11.700 dans le secteur du BTP, selon une étude présentée par le Comité d’organisation des Jeux Olympiques (Cojo) en avril 2019. Conduite et encadrement de chantiers BTP, travaux publics et béton, maçonnerie, charpente et second œuvre en bâtiment, logistique et transports, ou encore conducteurs d’engins, seront nécessaires à la construction des 5% d’infrastructures non existantes pour accueillir les épreuves sportives.

Le secteur doit s’adapter aux exigences environnementales du Cojo, qui vont dans le sens de la politique nationale, avec la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) qui fixe l’atteinte de la neutralité carbone à l’horizon 2050, ou encore le plan de rénovation énergétique qui prévoit la rénovation de 500.000 logements en cinq ans. La société de livraison des ouvrages olympiques (Solidéo) présente en effet ces JO comme devançant la SNBC et étant les premiers à respecter l’Accord de Paris.

UN VILLAGE OLYMPIQUE VISIONNAIRE

Trois équipements doivent être construits spécifiquement pour les jeux : le village olympique et paralympique à Saint-Denis, l’Ile-saint-Louis et Saint-Ouen (Seine-saint-Denis), le village des médias à cheval sur Le Bourget et Dugny (Seine-saint-Denis), et le centre aquatique à Saint-Denis. En novembre dernier, la Solidéo a dévoilé les lauréats pour la construction du village olympique : le groupement Caisse des dépôts et consignations (CDC), CDC habitat et Icade Promotion concevra le secteur D, d’une surface de 48.000 m², et le groupement Nexity SA, Eiffage Immobilier Ile-de-France sera en charge du secteur E, d’une surface de 52.000m². Ainsi 2.200 logements vont être construits en bois et béton bas carbone, avec l’objectif de réduire de 40% l’empreinte carbone des bâtiments. Sur le secteur E par exemple, Nexity SA et Eiffage Immobilier IDF proposent un mode de construction mixant bois et béton bas carbone, avec un bois 100% d’origine française, et un quartier à 80% autonome en énergie grâce à un système de stockage par batteries Zinc-Air. « Ce village sera la vitrine de la France, de son savoir-faire et de ses ambitions durables, inclusives et responsables. Il va permettre d’inscrire notre pays et la Seine-Saint-Denis dans l’exemplarité environnementale », estime la Solidéo. Le village verra donc se hisser un bâtiment construit à 100% à partir de matière recyclée – dont 50% de réemploi – ou encore un bâtiment avec zéro déchet d’exploitation. Des centrales à béton seront implantées directement sur le site afin de supprimer des flux de camions. De même, des plateformes de réemploi stockeront et trieront sur place, des matériaux issus du BTP.

Il s’agira également d’aménager les 9 hectares de terrain sur lesquels seront construits ces villages, de façon à favoriser la biodiversité et à privilégier la création d’îlots de fraîcheur. Le but étant de construire un quartier adapté aux changements climatiques, dans le cadre d’une future ville résiliente.

DES PROJETS VECTEURS D’AVANCÉES DANS LE BTP

Au-delà du village olympique, qui sera ensuite reconverti en écoquartier de logements, bureaux et commerces, les entreprises de BTP devront s’atteler à la rénovation ou réaménagement de multiples sites. Pour toutes ces opérations, la Solidéo mise sur la voie fluviale pour l’approvisionnement des matériaux de construction, l’acheminement de certains matériels tels que les barrières et gradins, et pour l’évacuation de 400.000 m3 de déblais. Une Seine qui devrait par ailleurs (enfin) réaliser le rêve d’accueillir des baigneurs pour des épreuves sportives ! Un projet d’assainissement financé par l’agence de l’eau Seine-Normandie et la société Haropa Ports de Paris, vise notamment à installer un réseau de collecte des eaux usées des 300 péniches du bief parisien.

Sujets à discorde, les Jeux Olympiques de Paris 2024 permettent néanmoins aux entreprises de BTP de proposer et développer des projets bas carbone de grande ampleur. L’occasion de révolutionner le process de construction et de faire évoluer les modes d’acheminement et d’évacuation. C’est en tout cas ce que conclut une étude de l’Atelier parisien d’urbanisme publiée en janvier 2019, considérant les JO 2024 comme « des accélérateurs d’innovations durables pour la logistique urbaine ».

– Lien vers le rapport du Cojo (avril 2019) : https://www.paris2024.org/app/uploads/2019/04/04042019_DP_Jeux-de-2024-Des-opportunites-pour-tous.pdf

– Lien vers étude Apur (janvier 2019) : https://www.apur.org/fr/nos-travaux/jeux-paris-2024-accelerateurs-innovations-durables-logistique-urbaine )

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