Grand Paris : les solutions pour réduire les trajets en voiture

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Bruit, pollution, embouteillages… Les trajets en voiture provoquent de nombreuses nuisances. Quelles sont les alternatives à ce mode de déplacement pratiqué par près de 15 millions de Franciliens chaque jour ?

Selon l’Enquête Globale Transport (EGT) menée par Ile-de-France Mobilités, en partenariat avec la DRIEA (Direction régionale et interdépartementale de l’Équipement et de l’Aménagement), dans le cadre de l’Omnil (Observatoire de la mobilité en Île-de-France), les déplacements en voiture ont diminué de 5% sur l’ensemble de l’Île-de-France entre 2010 et 2018.

Leur part modale a également baissé, passant de 37,8% (15,53 millions de déplacements quotidiens en 2010) à 34,4% (14,8 millions de déplacements quotidiens en 2018). Alors que les années 1990 ont été marquées par un ralentissement de la croissance des déplacements en voiture, la décennie 2000 par une stabilisation, la décennie 2010 voit donc s’amorcer une diminution de ces déplacements à l’échelle de l’Île-de-France.

Nombre de déplacements en voiture en Ile-de-France (en milliers de déplacements par jour)
FAVORISER LA MARCHE ET REDYNAMISER LE CENTRE-VILLE

Dans ce contexte, on peut se demander comment aller plus loin et quelles sont les alternatives à la voiture. Une des premières réponses est la marche ! Sans aucune hésitation, ce mode de transports est certainement le plus écologique, le plus doux qui soit. Ses bénéfices pour la santé sont en outre tellement nombreux qu’il serait trop long de les lister ici.

Bien entendu, on ne peut marcher partout. Des conditions de sécurité minimales doivent être réunies. Qui plus est, une ville peut plus facilement être arpentée quand la proximité des commerces, administrations et autres services est garantie et quand la continuité entre les quartiers est une réalité.

La continuité entre les quartiers signifie, par exemple, limiter l’implantation des grandes surfaces à la périphérie des villes. Lancé par le gouvernement début 2018, le plan Action Cœur de ville a pour objectif de favoriser le maintien des commerces dans le centre des villes moyennes. Début 2020, plus de 4 000 actions ont été engagées et un milliard d’euros a déjà été mobilisé, contre 600 millions d’euros espérés à fin 2019.

« Outre l’ingénierie, sont concernés la rénovation de logements, la restructuration de commerces, la mise en place de nouvelles mobilités, le réaménagement de l’espace public, le développement de nouveaux services et de l’offre culturelle, la valorisation du patrimoine, la nature en ville et la résilience climatique, la résorption des friches… » peut-on lire dans un communiqué du Ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales.

19 territoires franciliens sont bénéficiaires de l’Action Cœur de Ville : Sartrouville, Trappes, Limay, Mantes-la-Jolie, Poissy, Rambouillet, les Mureaux, Arpajon, Corbeil-Essonnes, Evry-Courcouronnes, St Michel-sur-Orges, Etampes, Fontainebleau, Avon, Montereau-Fault-Yonne, Coulommiers, Meaux, Nemours, Melun, Persan, Beaumont et Gonesse.

PRIVILÉGIER LE VÉLO GRÂCE À 650 KM DE PISTES CYCLABLES EN ILE-DE-FRANCE

Toujours selon les résultats 2018 (résultats partiels) de l’Enquête Globale Transport (EGT), le nombre de vélos possédés par les ménages franciliens est estimé à 3,7 millions. Assez logiquement, pour une question de place pour garer son vélo, les Parisiens sont les moins équipés en vélo, contrairement aux habitants de grande couronne. Quant au nombre de vélos électriques, même s’il ne représente aujourd’hui que 3% du parc de vélos possédés par les Franciliens, il a été multiplié par trois depuis 2010.

Pour faire face à la saturation des routes, le développement des pistes cyclables s’impose comme une des solutions qui favoriseront encore plus ce mode de déplacement doux. Le Collectif Vélo Ile-de-France, qui rassemble 33 associations dans plus de 80 communes, appelle à construire un Réseau Express Régional Vélo sur le modèle des transports en commun, le RER V. Ses 9 lignes cyclables relieraient les grands pôles de l’Ile-de-France. En tout, ce serait un réseau de 650 km (dont 200 km le long des voies d’eau) qui serait créé, pour un budget de 500 millions d’euros.

Les 9 lignes du RER V promu par le Collectif Vélo Ile-de-France

Chaque année, certaines communes du Grand Paris créent de nouvelles pistes cyclables. C’est le cas notamment d’Ivry-sur-Seine qui a lancé, fin 2019, la construction d’une piste cyclable unidirectionelle de 650 mètres, à l’initiative du département du Val-de-Marne. Son but est de sécuriser les déplacements des cyclistes.

A Bobigny, le groupe Colas a procédé à un aménagement un peu particulier en installant 15 mètres de panneaux photovoltaïques à même le sol (sous forme de pavés) sur un tronçon de la piste cyclable qui longe le canal de l’Ourcq. L’objectif est d’éclairer les voûtes d’un pont SNCF sous lequel la voie cyclable passe.

ADOPTER UNE DÉMARCHE PLUS CONTRAIGNANTE : LE CAS DES PÉAGES URBAINS ET DES ZFE

On peut limiter l’usage de la voiture en étant incitatif, comme on vient de le voir, avec la redynamisation des centres-villes ou la construction de pistes cyclables. On peut aussi adopter des démarches plus contraignantes. C’est le cas par exemple des municipalités qui créent des péages urbains. En 2014, l’Ademe avait étudié les expériences de 15 péages urbains dans le monde. Quelle que soit la ville, la mise en place d’un péage réduisait le trafic, dans une fourchette allant de 15 à 85%.

Une étude plus récente, menée par la direction générale du Trésor (Ministère de l’Economie et des Finances), conclut, elle aussi, à l’efficacité des péages urbains. Elle met en valeur les dispositifs permettant d’optimiser leur fonctionnement : utilisation de technologies embarquées, installation de péages uniquement dans des zones suffisamment peuplées, non-limitation dans le temps des péages afin d’inciter les usagers de la route à modifier leurs comportements et mise en place d’une modulation tarifaire en fonction du moment et du lieu traversé.

Plus souples, les Zones à Faibles Émissions (ZFE) sont une alternative au péage urbain. Le principe est d’encourager la circulation des véhicules les plus propres. Au niveau de la ZFE de Paris, créée en 2015, les bus, les cars ainsi que les poids lourds antérieurs à 2001 (véhicules Crit’air 5 et antérieurs) sont interdits de circulation 7 jours sur 7, entre 8h et 20h. Sont concernés également les véhicules légers non classés et Crit’air 5, du lundi au vendredi de 8h à 20h. Depuis le 1er juillet 2019, l’interdiction s’étend aux véhicules Crit’air 4.

Parallèlement à Paris, la Métropole du Grand Paris a mis en place une ZFE à l’intérieur de l’A86 (l’A86 est exclue du dispositif) depuis le 1er juillet 2019 pour les véhicules classés Crit’Air 5 et non classés.

Le périmètre de la ZFE de la Métropole du Grand Paris © MGP
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