Nos déchets sont sources d’énergie

Des entreprises au secteur de la construction en passant par les ménages, en 2016 nous avons produit 4,6 tonnes de déchets par habitant, d’après les « chiffres-clés des déchets » publiés par l’ADEME en avril 2019. Parmi eux, 65% sont recyclés, 29% sont éliminés et 6% servent à la valorisation énergétique. En dix ans, cette dernière part a d’ailleurs augmenté de +59%.

Au titre de la politique de gestion et de prévention des déchets, la France s’est engagée depuis plus de vingt ans « dans le défi de la transition vers un modèle d’économie circulaire », selon le Ministère de la Transition écologique et solidaire. De fait, face à l’épuisement des ressources de la planète, il s’agit de sortir peu à peu du modèle qui consiste à extraire, fabriquer, consommer puis jeter pour à terme allonger la durée de vie des produits, endiguer le gaspillage et faire des déchets de nouvelles ressources. La France s’est dotée en 2014 d’un programme national de prévention de la gestion des déchets (PNGD), qui répond à une directive-cadre européenne (révisée en 2018) et reprend les objectifs stratégiques récents, dont la loi française sur la transition énergétique. En consultation au printemps 2019, le programme indique entre autres la volonté de réduire de 10% les déchets ménagers et assimilés en 2020 par rapport à 2010, de recycler à hauteur de 65% les déchets municipaux à l’horizon 2030, ou encore de valoriser à hauteur de 70% sous forme de matière les déchets du secteur du BTP.

QUE FAIRE DES DÉCHETS ? DE L’ÉNERGIE !

Au-delà de la réduction des déchets et du recyclage, les pouvoirs publics entendent également favoriser de nouvelles formes de valorisation, notamment énergétique. Que faire donc de nos déchets ? De l’énergie notamment, dont ils sont une source importante. Ainsi, on peut se chauffer, s’éclairer ou encore rouler plus vert grâce à nos déchets et ces dernières années ont fait émerger bon nombre de solutions innovantes un peu partout sur le territoire. En Ile-de-France par exemple, trois centres d’incinération du Syctom (agence métropolitaine des déchets ménagers) valorisent les ordures ménagères en électricité ou en vapeur. Ainsi, l’autosuffisance électrique de l’usine est garantie et le surplus revendu à EDF, et la vapeur permet d’alimenter les réseaux de chauffage de la Compagnie Parisienne de Chauffage Urbain (CPCU). La valorisation énergétique des bio-déchets et ordures ménagères en énergie verte permet quant à elle de fabriquer du biogaz à partir de la biomasse (ensemble des matières organiques pouvant se transformer en énergie). Par le procédé de méthanisation – ou fermentation-, nos déchets peuvent effectivement fournir chaleur, électricité ou encore carburant plus propres. Intérêt supplémentaire : la capacité de reproduire cette méthode à toutes les échelles, de la petite ferme agricole à la centrale à vocation nationale.

Outre la méthanisation, de nouvelles méthodes de production de biogaz par gazéification sont actuellement en phase d’expérimentation. L’incinération de nos déchets est elle aussi productrice de chaleur ou d’électricité, avec à la clé la réduction des émissions de gaz à effet de serre et particules fines. C’est là assurément un atout sur lequel a misé Ile-de-France Mobilités en votant en décembre 2018 la conversion d’une partie des bus de la région au biogaz pour près de 34M€.

Nos déchets transformés en combustibles permettent donc de chauffer des quartiers de ville, de faire pousser des tomates ou encore de produire de l’eau potable comme c’est le cas à St Barthélémy, où l’unité de valorisation des déchets est rattachée à une installation de dessalement d’eau de mer. Autant de possibilités sur lesquelles la France doit d’adosser pour satisfaire son objectif de 10% de gaz d’origine renouvelable dans les réseaux en 2030, d’après la loi de transition énergétique de 2015.

Cantines scolaires : la chasse au gaspillage alimentaire !

Dans certains arrondissements parisiens, des écoles ont créé des tables de tri pour les bio-déchets, organisé la pesée des poubelles, rationnalisé le surdosage des plateaux notamment en proposant du pain coupé en tranches plus fines, le choix entre petites et grandes portions. Nombreuses sont les Caisses des écoles qui se prononcent en faveur des circuits courts pour améliorer le gaspillage lié au transport des marchandises. Paris s’est en effet engagée à réduire drastiquement le gaspillage alimentaire et dans toutes les collectivités, l’objectif est avant tout d’inviter les élèves à plus de vigilance envers le gaspillage alimentaire, de l’eau et d’énergie, afin de convaincre les familles d’adopter les bons gestes.

Autres articles à consulter