JO2024 : Faire des Jeux un accélérateur de la transition écologique

Georgina GRENON - Paris 2024 - Grand Paris Durable - grandparisdurable.org
Georgina GRENON – Paris 2024
Du 26 juillet au 11 août 2024, la Métropole accueillera les Jeux Olympiques et Paralympiques. À l’occasion de ce plus grand rassemblement sportif mondial, qui prévoit de réunir 206 nations et 4 milliards de téléspectateurs, Paris 2024 endosse une responsabilité inédite : celle d’organiser une compétition durable, entre sobriété et innovation, au service du sport dans les territoires.

Entretien avec Georgina GRENON, directrice de l’excellence environnementale de Paris 2024
Propos recueillis par Hélène IMATTE

Vous êtes la première à occuper un poste dédié exclusivement à « l’excellence environnementale » pour l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques. En quoi est-il nécessaire ?

Les Jeux de Paris 2024 seront les premiers entièrement neutres en carbone. C’est l’engagement que nous avons pris et dont nous assumons pleinement la responsabilité. Si nous voulons continuer à organiser de grandes célébrations sportives, nous devons réussir ce défi. Ce souci de durabilité est directement aligné sur les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat. C’est LA grande cause de notre époque et nous sommes déterminés à contribuer à apporter des solutions.

Le poste que j’occupe a été créé pour insuffler cet élan de manière transversale. En interne, je travaille avec l’ensemble des directions pour créer la dynamique indispensable à la réalisation de nos objectifs. Nous travaillons ensemble depuis déjà un an et continuerons les 4 années qui viennent pour faire de Paris 2024 des Jeux qui marqueront une rupture en matière d’ambition environnementale.

Paris 2024 annonce dans sa feuille de route que ces Jeux vont être les premiers « neutres en carbone ». Quelles sont les mesures concrètes mises en place pour réaliser le défi de la responsabilité écologique d’un tel événement ?

Parvenir à la neutralité carbone est un énorme défi car cela implique l’ensemble des acteurs publics et privés associés à l’événement ainsi que les millions de spectateurs qui viendront y assister. Pour le relever, Paris 2024 a mis au point une méthode inédite imaginée dès le début du projet et directement implémentée à la stratégie et aux opérations globales. C’est un véritable changement de paradigme que nous proposons. Nous avons défini un objectif ambitieux d’émissions carbone et mis en place des mesures de réduction et de compensation couvrant la période avant, pendant et après les Jeux.

Partant du constat que les Jeux précédents portaient un impact de 3,5 millions de tonnes de carbone émises en moyenne,  nous avons  défini pour Paris 2024 un objectif d’1,5 million de tonnes, structuré en 3 pôles : les transports, les constructions et les opérations concrètes liées à la compétition. Les émissions résiduelles qui ne pourront être évitées seront quant à elles compensées, afin d’assurer la neutralité carbone.

Le premier atout est l’utilisation de 95% des infrastructures existantes ou temporaires dans le Grand Paris. Paris 2024 construira donc très peu et ce qui sera construit est pensé pour être bas-carbone. Concernant les autres pôles, nous entendons mobiliser tous les acteurs pour exiger un niveau d’innovation très élevé et maîtriser notre impact carbone, dans la limite de nos objectifs fixés. Ainsi, Paris 2024 favorisera par exemple la mobilité propre pour le transport de la famille olympique, mettra en place des incitations à l’usage des transports en commun, proposera de la restauration durable et limitant le plastique ainsi que le recours à 100% d’énergie renouvelable sur les sites.

Quels sont les plus gros challenges qui vous attendent ?

village olympique – © Paris2024

A l’échelle des Jeux, chaque étape est importante car nous pensons des projets qui doivent répondre aux enjeux et aux attentes de 2024.

Certains projets nous incombent directement. Par exemple, la conception du Village olympique est pensée comme un éco quartier. Il y aura près de 3 000 logements pour les habitants, les étudiants, les seniors, des logements sociaux et aussi des commerces, crèches…  Nous partons du principe que les bâtiments devront être le plus écologiques possible. Le Village olympique répond donc à un cahier des charges bas-carbone avec une construction en bois et BBC (bâtiment basse consommation), l’utilisation de matériaux recyclés et issus de filières locales pour réduire l’empreinte carbone etc.

Pour d’autres, nous avons peu d’emprise comme la venue des spectateurs en avion par exemple, et nous en prenons la responsabilité. Durant les quatre ans à venir, nous devons définir les meilleurs comportements à adopter en matière de mobilité et mettre en place des modes de compensation carbone. Pour la réussite des Jeux, nous devons tous faire preuve d’innovation et de créativité.

Et les aspects sur lesquels vous comptez innover tout particulièrement ?

Nous cherchons à identifier les solutions d’avenir dans tous les domaines. Les sujets varient en fonction des phases d’avancement du projet. Pour l’heure, nous travaillons notamment sur le choix des matériaux utilisés pour les constructions et sur les solutions bas-carbone. Pour prendre un exemple concret, dans le cadre du Programme d’Investissements d’Avenir initié par l’Etat, nous avons lancé un appel à projets pour trouver des solutions de remplacement aux groupes électrogènes diesel (très émetteurs) et viser 100% d’électricité renouvelable pour alimenter les Jeux.

Outre les innovations purement technologiques, Paris 2024 entend également pousser l’innovation sociale : donner une place prépondérante à l’économie sociale et solidaire pour faire participer les territoires (notamment à travers notre travail avec l’association Les Canaux), favoriser les circuits courts et locaux, intégrer pleinement la question du handicap en la contractualisant dans nos opérations, travailler avec des éco entreprises comme celles du réseau PEXE pour créer des ponts entre les projets, les structures et les pratiques. De fait, notre méthodologie se doit d’être innovante dans la manière d’aborder les enjeux et de trouver des réponses novatrices.

Au-delà des Jeux, les solutions que nous mettons en place n’ont pas vocation à rester entre nos mains et constituent une forme de pré-héritage des techniques et approches disponibles pour le plus grand monde. Dans cette optique, c’est en innovant que nous permettrons à nos idées d’accélérer la transition écologique.

Le Président de Paris 2024 Tony Estanguet a confirmé il y a quelques temps la volonté de vouloir faire des économies pour ces Jeux. Comment fait-on rimer « économies » avec « écologie » ?

S’il y a bien un adage contre lequel je m’insurge régulièrement, c’est celui qui prétend que faire plus vert est forcément plus cher ! Toutes nos équipes s’activent avec engagement pour démontrer qu’on peut très bien relever le pari de respecter l’environnement, tout en faisant émerger des solutions pleines de sens, et tout l’écosystème vertueux que nous animons autour de l’événement le prouve chaque jour encore plus. Nous comptons en effet maîtriser au maximum nos dépenses : en construisant moins d’infrastructures, on dépensera tout simplement moins et il nous faudra être créatifs, faire preuve d’intelligence collective pour limiter au mieux les coûts engagés. La crise sanitaire et économique que nous traversons n’a fait que confirmer l’approche que nous menons depuis les prémices de la candidature et Paris 2024 entend fermement tenir et maintenir ses engagements en faveur de Jeux durables et engagés pour la préservation de la planète.

Précisément, en quoi la pandémie liée au Covid-19 risque-t-elle d’impacter cette volonté d’excellence environnementale ?

Depuis son origine, le projet de Paris 2024 propose des Jeux en rupture avec les éditions précédentes et déterminés par une forte ambition environnementale. La crise a renforcé l’importance de cet engagement et nous pousse à faire encore plus. Le risque sanitaire vient désormais s’ajouter à notre cahier des charges et nous avons la chance de disposer encore de quatre ans pour y travailler. À ce titre, Paris 2024 entend faire émerger des réponses cohérentes pour faire correspondre respect de l’environnement et sécurité sanitaire, afin de préserver notre santé comme celle de la planète. Nous pilotons les risques pour les anticiper au maximum et comptons bien apprendre des prochains Jeux de Tokyo pour continuer à innover. Sur ces enjeux, nous avons la chance de partager avec tous nos interlocuteurs, Ville de Paris, Métropole du Grand Paris, Région Ile-de-France, une même approche alliant maîtrise des coûts et respect de nos ambitions environnementales. Paris 2024 se veut exemplaire en la matière et nous sommes tous 100% dédiés à cet objectif commun.

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