Repenser la logistique urbaine

Coopérative Olvo
Source de pollution et de congestion du trafic routier, la logistique liée aux livraisons de marchandises ne cesse de croître en Ile-de-France, notamment tirée par la croissance des ventes e-commerce. Institutionnels et acteurs du secteur s’organisent pour pallier ces nuisances.

Alors que la part de la voiture commence à reculer dans les déplacements de personnes*, les embouteillages n’ont jamais été aussi denses. En cause, la croissance toujours aussi soutenue de l’e-commerce et, par voie de conséquence, de la logistique routière qui l’accompagne (en Ile-de-France, 90 % des marchandises sont acheminées par la route).

Les Français continuent en effet de se convertir toujours plus nombreux au e-commerce. Selon l’Observatoire des Usages Internet de Médiamétrie, publié mi-septembre, un million de cyberacheteurs supplémentaires a été enregistré au cours du deuxième trimestre 2020 par rapport à la même période l’an dernier. Au total, ce sont désormais 41 millions d’internautes français qui font leurs achats en ligne.

Les projets innovants se multiplient

En Ile-de-France, l’explosion du transport de marchandises préoccupe les autorités. Le conseil régional a lancé, au tout début de l’année, un appel à manifestation d’intérêt intitulé « Accompagnement des territoires », afin de faire émerger de nouveaux projets visant l’approvisionnement, la circulation, le stockage, la distribution, les livraisons et l’enlèvement des marchandises dans les villes, pour tous les secteurs d’activité. 

Début juillet, 22 projets logistiques qualifiés de « vertueux » ont été désignés avec, à la clé, une enveloppe de 7,7 millions d’euros destinée à développer le fret fluvial, l’analyse des données de marchandise, la mutualisation des flux ou encore les livraisons par mode doux et les circuits courts.

Parmi les lauréats, on trouve de multiples projets prometteurs comme par exemple Wello qui se voit attribuer la plus grosse somme (550 000 euros). Wello développe un nouveau concept de vélo modulaire, connecté, à assistance électrique (jusqu’à 25 km/h) et doté d’une autonomie jusqu’à 100 km/jour. Ce vélo d’un nouveau genre est proposé en version cargo ou en version passagers. En version cargo, il permet le suivi et l’optimisation des tournées de livraison.

Wello, un des lauréats de l’appel à manifestation d’intérêt « Accompagnement des territoires » lancé par le conseil régional d’Ile-de-France en 2020. © Wello

Développer des flottes de véhicules plus propres

Mais les grands acteurs du commerce / e-commerce et de la logistique n’ont pas attendu que les start-up se manifestent. Même si les projets d’envergure restent encore peu nombreux, on peut citer l’exemple de Monoprix dont le volume de marchandises « Grand Import » est acheminé vers la France à 87 % par voie maritime.

En ce qui concerne le transport secondaire, qui va du point d’arrivée en France jusqu’aux entrepôts, il s’effectue chez Monoprix majoritairement par voies fluviale et ferrée. Depuis 2018, les camions au gaz naturel pour véhicules (GNV) ont été généralisés pour le traitement du dernier kilomètre sur les flux rail et barge (tronçon entre Gennevilliers ou Valenton et Combs la Ville). Enfin, le transport de marchandises depuis les entrepôts jusqu’aux magasins s’effectue lui aussi grâce à des camions GNV (gaz naturel pour véhicules). Ce mode de transport représente actuellement 25% des déplacements. L’enseigne a pour objectif d’atteindre les 100 % d’ici à 2024 à Paris.

La ville d’Issy-les-Moulineaux a quant à elle annoncé en mars dernier avoir intégré le projet européen FCCP (Fuel Cell Cargo Pedelecs) dont l’objectif est d’expérimenter l’utilisation de vélos-cargo alimentés à l’hydrogène pour les livraisons en ville. Plusieurs autres villes européennes vont tester le prototype développé par ce projet : Aberdeen en Ecosse, Groningue et La Haye aux Pays-Bas, Luxembourg, Munich et Stuttgart en Allemagne. La mise en service de ces véhicules est prévue à partir de l’automne 2020 et tout au long de l’année 2021.

La ville d’Issy-les-Moulineaux a rejoint le projet européen FCCP (Fuel Cell Cargo Pedelecs) afin d’expérimenter l’utilisation de vélos-cargo alimentés à l’hydrogène pour les livraisons en ville. © www.issy.com

Mutualiser les livraisons : l’autre axe de progrès

Si le développement de flottes de véhicules plus verts contribue à diminuer la pollution et l’émission de gaz à effet de serre, la mutualisation des livraisons de marchandises en centre-ville est un autre axe de progrès. C’est ce que propose notamment Urby, filiale de La Poste. Urby met en place des dispositifs de logistique urbaine reposant sur la mutualisation et l’optimisation des livraisons. A partir de plusieurs sites en ville, Urby met en place des services de stockage et de livraison urbaine à destination des transporteurs, messagers, commerçants, artisans, collectivités, entreprises et particuliers, en utilisant des véhicules à faible niveau d’émissions et des vélos.

De son côté, la coopérative Olvo, primée aux Trophées de l’économie sociale et solidaire de la Ville de Paris, vient d’installer son centre logistique dans le 10e arrondissement de Paris. Créée en 2016, cette structure spécialisée dans la livraison de proximité, emploie aujourd’hui 18 salariés. Elle s’adresse, elle aussi, aux professionnels, à Paris et en petite couronne. Elle met à leur disposition des coursiers utilisant une flotte de vélos cargos dont la moitié sont électriques. Tournées multi-points, ramasse et dépose de colis urgents, livraison en froid positif, stockage tampon avant livraison, livraisons puis retours de consignes, manutention chez les clients… La palette de services permettant d’éviter la congestion urbaine et les problèmes de stationnement est large.

L’équipe de la coopérative Olvo, qui vient d’installer son centre logistique dans le 10e arrondissement de Paris © Olvo

Le secteur du transport et de la logistique est un enjeu majeur en l’Île-de-France. Il représente aujourd’hui 10 % du PIB de la région et emploie plus de 375 000 personnes. La superficie des bâtiments de stockage, principalement situés en grande couronne, est de 17 millions de m².

* Selon l’Enquête Globale Transport (EGT) menée par Ile-de-France Mobilités, en partenariat avec la DRIEA (Direction régionale et interdépartementale de l’Équipement et de l’Aménagement), dans le cadre de l’Omnil (Observatoire de la mobilité en Île-de-France), les déplacements en voiture ont diminué de 5% sur l’ensemble de l’Île-de-France entre 2010 et 2018 (lire notre article « Grand Paris : les solutions pour réduire les trajets en voiture »).

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