La course des constructeurs automobiles pour la transition énergétique

Le développement des véhicules propres (électriques et hybrides) est un enjeu industriel majeur pour la filière automobile. De fait, le secteur des transports contribue pour près de 30% des émissions de CO2 dans l’Union Européenne, qui depuis le 1er janvier 2020 impose une nouvelle réglementation à ce sujet. Sous peine de lourdes sanctions financières, les constructeurs vont donc devoir s’adapter pour proposer des voitures moins polluantes. Les dispositifs à destination des collectivités, aménageurs et particuliers sont autant de relais qui visent à étendre leur utilisation.  

Si les prix des véhicules électriques étaient encore assez prohibitifs il y a quelques années, les dernières avancées des constructeurs automobiles laissent désormais place à des modèles aux tarifs plus acceptables, notamment en raison de la baisse des prix sur les batteries au lithium ion, indispensables aux voitures électriques. Néanmoins, suite à la pandémie liée au Covid-19, la baisse du coût des énergies fossiles pourrait conduire de nombreux acteurs à vouloir utiliser davantage de charbon, pétrole ou gaz au quotidien, en raison d’un arbitrage financier en leur faveur. Ainsi, de nombreux chercheurs avancent l’hypothèse que la baisse du prix du baril de pétrole pourrait faire reculer les efforts envers le développement des modèles électriques, au profit de ceux à moteur thermique. S’il est encore trop prématuré pour tirer les enseignements de cette crise en matière d’impact sur le développement de véhicules plus durables et surtout moins polluants, il appartient à tous les acteurs concernés de s’investir encore plus afin de gagner ce rallye d’un genre nouveau.  

Pour l’heure, les firmes automobiles investissent des millions d’euros pour réussir la transition énergétique imposée par l’Union Européenne. Et pour cause, depuis le 1er janvier 2020, les constructeurs automobiles doivent respecter une réglementation qui impose des émissions inférieures à 95 gramme/km en moyenne pour les voitures neuves. Sans quoi, une pénalité de 95€ s’appliquera pour chaque gramme dépassé et pour toute voiture vendue dans l’UE.

DÉPLOYER DES INFRASTRUCTURES DE RECHARGE

Mais l’expansion du véhicule propre pose surtout la question connexe de sa recharge. À ce titre, pour les bâtiments neufs la loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015 prévoit l’obligation pour les constructeurs de « pré-équiper » les parkings des entreprises, donc d’installer des points de recharges pour les voitures électriques ou hybrides, en fonction de la nature de l’entreprise et à hauteur d’au moins 5% des places. Dans les bâtiments existants, si la demande de permis a été déposée avant le 1er janvier 2012, le pré-équipement et l’installation de bornes de recharge doit concerner au moins 10% de la totalité des places du parking dans les aires urbaines denses (>50 000 habitants), 5% dans les autres cas. Si le permis de construire a été déposé entre le 1er janvier 2012 et le 1er janvier 2017, alors au moins 10% de la totalité des places de parkings doivent se voir équiper en recharges dans les bâtiments à usage tertiaire ou industriel. Selon les chiffres du Ministère de la Transition écologique et solidaire, plus de 27 000 points de recharge jalonnent actuellement le territoire français, avec un objectif fixé à quelque 7 millions de points de charge publics et privés d’ici 2030. Pour promouvoir le déploiement des infrastructures de recharge, le gouvernement a mis en place des aides spécifiques : les diverses éditions du Programme d’Investissement pour l’Avenir (PIA) ont permis d’aider à hauteur de 61 M€ les projets d’installation de plus de 20 000 points de recharge à destination des collectivités territoriales. Du côté des PME, le programme ADVENIR (lire encadré) propose une aide pour pallier les coûts d’acquisition et d’installation des points de charge. Le 4 juillet 2019, le gouvernement a d’ailleurs annoncé de nouvelles aides ADVENIR pour la mise en place d’équipements dans le résidentiel collectif, une extension qui intervient dans la dynamique de la Loi d’Orientation des Mobilités.

UNE DYNAMIQUE QUI EMBARQUE LES SECTEURS PUBLICS ET PRIVÉS

L’utilisation de véhicules propres gagne donc du terrain. Ces dernières années, la plupart des constructeurs automobiles ont désormais lancé leurs modèles électriques ou hybrides et prévoient des budgets conséquents en matière de R&D. À titre d’exemple, Volkswagen compte élargir sa gamme électrique avec une ID.1 à moins de 20 000 euros en remplacement de l’actuelle e-Up. Dacia présentait quant à elle début mars un SUV low cost 100% électrique, attendu sur les routes françaises pour 2021 et décrit par le constructeur comme « la voiture électrique la plus abordable d’Europe ». Un dynamisme dans la construction qui se ressent sur le terrain, en témoignent les commandes à grande échelle comme celle du Conseil Départemental des Yvelines qui vient d’acquérir début février 185 Renault Zoé pour électrifier massivement son parc automobile.

Du côté des acteurs privés, l’initiative EV100 de l’ONG Climate Group rassemble depuis 2017 des entreprises qui poursuivent l’objectif ambitieux de remplacer la totalité de leur flotte par des véhicules électriques d’ici 2030. Parmi les derniers adhérents à rejoindre notamment les célèbres EDF, Ikea ou encore Unilever, le leader de la gestion de l’énergie et des automatismes Schneider Electric, qui siège à Rueil-Malmaison.

À grands renforts d’aides financières et de disposition légales pour booster le marché de l’électrique, acheter et recharger un véhicule propre n’aura jamais été aussi simple. De quoi inciter fortement la France à verdir ses parts de marché de l’automobile et participer activement à la décarbonation des transports.

ZOOM SUR LE PROGRAMME ADVENIR :

Coordonné par l’Avere-France (association nationale pour le développement de la mobilité électrique) et Eco CO2, l’ADEME et le Ministère de la Transition écologique et solidaire, le programme ADVENIR permet le financement de points de recharge pour véhicules électriques et hybrides. Le principe est d’obliger les énergéticiens à financer les économies d’énergie et d’encourager les autres acteurs par l’obtention d’un certificat. Sont éligibles au programme : les points de recharge installés en habitat collectif (via les particuliers, bailleurs sociaux, syndics), les recharges sur le parking d’une entreprise, les points ouverts au publics installés sur des espaces privés (groupes hôteliers, bâtiments commerciaux etc.) ou sur les espaces publics, tels que la voirie.

Particuliers : quelles aides à l’installation d’une borne de recharge ?

Vous vivez en maison individuelle ? Pour les dépenses effectuées depuis le 1er janvier 2020, vous pouvez bénéficier d’un crédit d’impôt d’un montant forfaitaire de 300 €, quel que soit votre niveau de revenu.

Vous habitez en logement collectif ? Ce crédit d’impôt est cumulable avec l’aide Solution Individuelle du programme ADVENIR. L’installation et le matériel doivent être labellisés ADVENIR, la puissance des bornes inférieure ou égale à 22kW. Pour un usage individuel, un particulier peut obtenir une aide de 50% du coût avec un plafond de 600€ (960€ pour les installations intégrant un pilotage énergétique).

Autres articles à consulter