Pendant le confinement, les Franciliens ont mieux respiré

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Durant le confinement, il y a eu à Paris une baisse sensible des principaux polluants. Compte tenu des conditions anticycloniques de cette période, c’est probablement un important épisode de pollution de l’air qui a pu être évité. Mais la bataille contre la pollution de l’air est loin d’être gagnée pour autant.

A l’occasion de la journée de la qualité de l’air à Paris, le 16 septembre dernier, Airparif, le CNRS, Generali et Aérophile ont livré les résultats de leurs mesures pendant le confinement. La diminution des activités liée à cette période particulière a permis une amélioration notable de la qualité de l’air. Pour le dioxyde d’azote, polluant majoritairement lié au trafic routier, une baisse de 20 à 35 % selon les semaines a été observée, pouvant atteindre 50 % en proximité immédiate de certains axes.

En revanche, l’impact était moindre sur les particules (- 7%) du fait de conditions météorologiques peu dispersives sur toute la France et favorables à la formation de particules secondaires, mais aussi du fait de sources d’émissions toujours présentes, comme le chauffage les premières semaines – notamment le chauffage au bois – et l’agriculture.

Sur des polluants non règlementés à ce jour, mais pour lesquels l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) recommande de renforcer la surveillance, comme les particules ultrafines (qui peuvent être aussi petites qu’une molécule d’ADN), une baisse de 30 % des concentrations a été constatée, ainsi que pour les émissions de CO2, gaz à effet de serre.

Le mini-compteur d’aérosols LOAC, installé sur la nacelle du ballon Generali depuis mi-2013, fournit au sol et jusqu’à 300 mètres d’altitude la concentration de particules fines pour 19 gammes de tailles, allant de 200 nanomètres à 50 micromètres. Ses mesures, juste après le début du confinement, montrent une diminution brutale d’environ 40 % des particules fines inférieures à 3 micromètres, alors que les conditions anticycloniques de cette période auraient dû engendrer une forte pollution.

Le ballon Generali, installé à Paris depuis 1999 dans le parc André-Citroën

Hors confinement, la qualité de l’air s’améliore, mais des points noirs subsistent

En dehors de la période de confinement, la qualité de l’air s’améliore de manière tendancielle pour bon nombre de polluants. Néanmoins, elle reste un enjeu, notamment en Ile-de-France, avec 5 polluants pour lesquels les Franciliens sont exposés à des niveaux au-delà des recommandations de l’OMS et de la réglementation française et européenne. Cette situation est particulièrement prégnante à Paris et dans l’agglomération parisienne, compte tenu de la densité d’habitation et de trafic.

Les concentrations ne diminuent ainsi pas pour l’ozone, polluant de l’air et gaz à effet de serre, et pour le dioxyde de carbone, gaz à effet de serre. Les niveaux d’ozone augmentent en effet à l’échelle de tout l’hémisphère Nord. Et ce polluant est aussi impacté par les canicules plus fréquentes qui conduisent à davantage d’épisodes de pollution en été.

La pollution de l’air : un enjeu majeur de santé publique

Avec 67 000 morts par an et un coût pour la société de plus de 100 milliards d’euros, la pollution de l’air est un enjeu majeur de santé publique. C’est un facteur de risque collectif qui dépend essentiellement des décisions publiques prises pour la réduire. Elle touche essentiellement le système cardiovasculaire mais aussi le système respiratoire et peut atteindre, par exemple, directement le placenta (donc le fœtus) et le cerveau. C’est ce qu’a rappelé le Docteur Pierre Souvet, cardiologue et Président de l’ASEF (Association Santé Environnement France) lors de cette journée de la qualité de l’air à Paris.

C’est la raison pour laquelle l’Asef (Association Santé Environnement France) agit pour informer le grand public sur les risques liés aux pollutions environnementales, avec notamment la mise à jour d’un guide intitulé « air intérieur ». Et pour sensibiliser plus fortement aux effets de la pollution de l’air extérieur, qui représente près de 60 % des pathologies attribuées à la mauvaise qualité de l’air intérieur, une action simultanée contre la mauvaise qualité de l’air extérieur et intérieur est donc nécessaire. Ces informations et mesures de prévention doivent être diffusées par les professionnels de santé dont la formation reste très insuffisante au regard des enjeux. L’Asef lance à leur destination, un MOOC sur la pollution de l’air, soutenu par le Plan Régional santé environnement Grand Est, accessible sur son site https://www.asef-asso.fr/.

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